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 Lamine Konté appartint à la
génération des korafoláluUn korafolà est un joueur de kora en Mandinka (qui fait parler la kora) - korafolàlù, au
pluriel. pionniers qui, en travaillant avec des artistes modernes, firent connaître la kora au niveau international.
Enfant de cette terre du Gabu (ancien royaume) qui accueillit la kora, Lamine Konté grandit
dans un micro conservatoire familial de griots socés à Kolda ; son père, Dialy Kéba Konté, est un célèbre korafoláUn korafolà est un joueur
de kora en Mandinka (qui fait parler la kora) - korafolàlù, au pluriel. et sa mère, une grande diva de la chanson. Très jeune, son oncle Soundioulou CissokhoNé en 1921 à Ziguinchor en Casamance, Kémokho Kandara Bamody Cissokho dit « Soundioulou » Cissokho était le fils du virtuose korafolá, Kimintang Cissokho dit
« Bah Djaly », célèbre jéli du roi Abdou Ndiaye, et de Caroline Da Silva, descendante d'un roi et d'une princesse de Guinée-Bissau... Lire la suite. l'initie à la kora et à
la guitare. A douze ans, il maîtrise déjà les techniques de cet « instrument magnifique ». En 1960, à tout juste quinze ans, il s'installe à Dakar chez un autre oncle, Nago Guèye
(Sissokho), premier korafoláUn korafolà est un joueur de kora en Mandinka (qui fait parler la kora) - korafolàlù, au pluriel.
virtuose à faire une tournée internationale en 1930 (France, Angleterre, Brésil, Uruguay, Argentine).
« J'ai vécu la musique avant de la faire » aimait à dire Lamine Konté qui s'émancipe pourtant de son
milieu traditionnel en entrant quatre ans plus tard, à l'Ecole des Arts de Dakar, successivement dans les sections d'art dramatique et de musique, apprenant le solfège. « Je suis griot parce
que je défends nos valeurs culturelles et traditionnelles. Je suis une mémoire et je me dois de respecter et de défendre la culture orale. Mais je suis aussi musicien dans la mesure où je tente de
casser le carcan de la musique griotique. » Passionné par plusieurs formes de musiques (traditionnelle africaine, classique et contemporaine occidentales), Lamine Konté fait ses débuts de
musicien en 1966 au Festival Mondial des Arts Nègres de Dakar.
En 1971, le jeune korafoláUn korafolà est un joueur de kora en
Mandinka (qui fait parler la kora) - korafolàlù, au pluriel. s'installe à Paris, une étape clé de sa carrière et de sa création. « De loin, on voit son pays avec plus de
profondeur, de nostalgie. La césure renforce les sentiments qu'on éprouve. » Dans la capitale française, il sort ses deux premiers albums internationaux, La kora du
Sénégal (vol 1 et 2), une réussite d'harmonie et de dextérité mariant avec grâce airs socés, mbalax, afro-cubain, jazz, soul et rhythm'n blues, avec des chants en socé, en français et en
créole portugais. C'est immédiatement le succès, notamment dans les milieux intellectuels afro-antillais et français. Son adaptation de l'air folklorique « Malon » est aussitôt choisie
comme générique du journal parlé de la jeune Radiodiffusion Nationale du Sénégal. Suit Chant du Nègre, chant du monde composé de poèmes africains, antillais et américains car la force et
l'originalité de Lamine Konté est d'avoir adapter la kora en lui faisant accompagner des textes de poètes contemporains, devenant ainsi le précurseur de ce qu'on appelle maintenant le
« slam ». Sur les écrits des chantres de la littérature négro-africaine comme Aimé Césaire, Bernard Dadié, Birago Diop, Léon Gontran Damas et Léopold Sédar Senghor qu'il rencontrera à
l'hôtel de ville de Brest en France, il crée « un accompagnement musical qui enveloppe les chants, les annonce, les prolonge, les soutient et en accentue les reliefs ».
 Ainsi, Lamine Konté a beaucoup travaillé pour le cinéma en composant des musiques de film. De ses musiques de film
(Bako l'autre Rive de Jacques Champreux, Du Sénégal aux Amériques de Jean Mazel, Baara de Souleymane Cissé), on retiendra sa collaboration avec Stevie Wonder sur
Journey through the secret life of plants, qui chante en bambara dans ce double album sorti en 1979.
Il a réalisé de nombreux de disques qui ont fait date et bon nombre de ses compositions sont aujourd'hui des standards du
répertoire classique mandingue.
Lamine Konté est décédé le 29 septembre 2007.
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