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« Diakha » est un chant consacré à la ville sainte du même nom fondée au XVe siècle (fin ?) par El Hadj Salim Souare (Suware), dit « Diakha Laye » ou Mbemba Laye ; noble soninké parti du Macina (Mali), Diakha Laye s'installa dans le Bambouck, sur la rive du fleuve Bafing et fonda Bambougou-Diakha du nom de son village d'origine ; les descendants de cette communautés appelés les Diakhanké (originaires de Diakha), répandent l'enseignement pacifique (Heera sila) de l'Islam.
La communauté diakhanké s'articulait à l'origine sur quatre clans soninké : Souaré (Tandia-Sambakhès), Dramé (Kandji Missané), Fofana (Guirassy), Fadiga (Dibassy), ces quatre clans sont appelés les quatre foyers (boloun naano). À ces quatre clans se sont ajoutés entre autres les Diakhité-Kaba, les Sylla, les Gassama-Diaby, les Dansokho, les Diakhaby, les Savané, les Badio, les Sakho, etc. [...]
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Marabout du Sénégal - Col. FREY, Côte occidentale d'Afrique -1890 - © Gallica
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La chute de l'empire du Manding a provoqué le déclin de Bambougou Diakha. Les Diakhanké se sont dès lors dispersés notamment vers le Sénégal oriental, dans les provinces du Boundou, Dantilia, Niokolo et Wulli, etc. Certains ont suivi les routes commerciales des Dioula. De célèbres villages ont été fondés par les marabouts diakhankés. Ainsi, la ville de Touba en Guinée a été fondée au début du XIXe siècle (1815) par Karamokhoba Diaby dit « Djankate Karan Walo », originaire de Didé ou Dia (Sénégal). Touba a été le centre principal du mouvement diakhanké jusqu'à l'arrestation par l'administration coloniale, de Karan Sankoung, arrière-petit-fils de Karamokhoba en mars 1911.
Aujourd'hui, l'antique cité de Diakha a complètement disparu et ce nom désigne plusieurs villes en Afrique de l'Ouest ; il y a :
Diakha, dans la région de Kayes et Diaka, une bourgade près de Sikasso, les 2 cités au Mali.
Diakha Madina, dans la région de Tambacounda à la frontière de la Gambie et du Sénégal.
Ce chant met en avant l'action prosélyte des Diakhanké en faveur du Heera sila en Afrique de l'Ouest, et notamment de leurs grands maîtres : ainsi, sont toujours évoqués les figures de « Diakha Laye » ou Mbemba Laye (le père fondateur) et Karamokhoba Diaby dit « Djankate Karan Walo ».
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© Korafola from the past - LBerté - 2010 |
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Peu de korafoláluUn korafolà est un joueur de kora en Mandinka (qui fait parler la kora) - korafolàlù, au pluriel. ont enregistré cette chanson considérée par les spécialistes comme une des plus complexes du répertoire de la kora ; on en trouve une magistrale interprétation par un pionnier de la kora : Lamine Konte sur son album légendaire, Griot legend ainsi que chez Sourakata Koité.
Une controverse technique entre korafoláluUn korafolà est un joueur de kora en Mandinka (qui fait parler la kora) - korafolàlù, au pluriel. et griots traditionistes persiste pour savoir si le chant « Diakha » est inspiré du chant plus tardif Hama Bâ JataHama Ba Jata est un chant composé à la gloire de Maba Diakhou Bâ dit « Hama Ba Jata » (1809 ~ 1867), un marabout du Rip, disciple d'Oumar Tall, roi et almamy du Saloum... Lire la suite. ; certes, il est possible que «Hama Bâ JataHama Ba Jata est un chant composé à la gloire de Maba Diakhou Bâ dit « Hama Ba Jata » (1809 ~ 1867), un marabout du Rip, disciple d'Oumar Tall, roi et almamy du Saloum... Lire la suite. » ait pu avoir été créé à la kora avant « Diakha » ; c'est l'avis d'Alhaji Bai Konté Alhaji Bai Konté fut un korafolá très célèbre en Gambie. Son héritage est immense car il fut l'initiateur d'un nouveau style de jeu à la kora, en Gambie, le style yeyengo... Lire la suite. en personne, sur un disque paru en 1982 (Konte Family, Kora Music and Songs from Gambia) ;
mais mon avis est que le chant « Diakha » existait certainement avant «Hama Bâ JataHama Ba Jata est un chant composé à la gloire de Maba Diakhou Bâ dit « Hama Ba Jata » (1809 ~ 1867), un marabout du Rip, disciple d'Oumar Tall, roi et almamy du Saloum... Lire la suite. », roi du Futah du XIXe siècle ; je suppose donc que les griots, ayant adapté ce chant à la kora au moment de l'essor de cet instrument au XIXe, s'en inspirèrent fortement pour créer « Hama Bâ JataHama Ba Jata est un chant composé à la gloire de Maba Diakhou Bâ dit « Hama Ba Jata » (1809 ~ 1867), un marabout du Rip, disciple d'Oumar Tall, roi et almamy du Saloum... Lire la suite. » ou du moins, reprirent les motifs les plus marquants de « Diakha » dans leur interprétation de «Hama Bâ JataHama Ba Jata est un chant composé à la gloire de Maba Diakhou Bâ dit « Hama Ba Jata » (1809 ~ 1867), un marabout du Rip, disciple d'Oumar Tall, roi et almamy du Saloum... Lire la suite. ».
« Diakha » est souvent interprété sous le titre « Mansa Kelé » en référence à un de ses refrains qui rappelle en Mandingue, la profession de foi islamique : « Allah (Mori) Mansa Kelé » : « Il n'est qu'un seul seigneur, Allah. »
Interprètes célèbres de Diakha :
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