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Guerrier mandingue - Gravure - Source anonyme
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Le Soumaworo [faassa] est le chant qui constitue la devise panégyrique de Soumaworo Kanté.
Soumaworo Kanté devint roi du Sosso à partir de 1203
puis roi du Manden, de 1230 à 1235, après qu'il eut chassé du trône Dankaran Touman Konaté, légitime héritier de Naré
Famanghan Kon Fatta Konaté.
Soumaworo, à l'origine, ne se nommait pas « Kanté » mais certainement « Diarisso » (Jariso) ; en effet, il était issu du clan
« Diarisso » dont le royaume émergea dans la dernière partie du XII° siècle et atteint son apogée entre les années 1200 à 1235.
Ce royaume, connu sous le nom de royaume de Sosso (ou Kaniaga), fut bâti
sur les restes de l'empire du Wagadu, à l'effondrement duquel il aurait participé; mais ce point reste une hypothèse et elle est contestée par certains historiens. ![[En savoir plus sur L'empire du Wagadu] : III° siècle : Émergence de l'empire de Wagadou («le pays des troupeaux», en soninké) appelé « Ohana » («richesse» en arabe)... Lire la suite.](../Images1/en_savoir_plus1.gif)
Dans la légende de Soumaworo, tout paraît démesuré et fait de lui un héros épique. Peu après sa
naissance, dit la légende, tel Héraklès au berceau, il tue un énorme serpent que son grand frère lui avait envoyé.
Peu après son accession au trône, Soumaworo, encore jeune, non content d'avoir massacré ses frères, acquiert d'innombrables titres de gloire en accumulant exploits sur conquêtes, qui lui valent
les épithètes épiques : « Sossobali » ( Preux du Sosso) dit aussi Kala Bila » (le Maître de l'arc).
Dès l'âge adulte, avide de conquêtes, et prévenant sans doute l'appauvrissement de ses terres du fait de sécheresses
répétées, il fortifie sa capitale à Koulikoro et poursuit l'extension du royaume de ses ancêtres en s'attaquant au royaume voisin : le Manden.
Assisté de son neveu, le
fameux Fakoli, un maître archer hors pair, il ne met guère de temps à défaire les armées des Kamara, et s'arroge la victoire sur ce clan royal en s'attribuant la défaite de leur roi des rois, le
célèbre Niani Massa Kara (Le Grand Roi de Niani) dit « Danninian » (l'Homme bien créé) Kamara dit aussi « Kamanjan » Karama (Kamara le Suprême).
Cet exploit lui vaut le privilège qu'on lui accorde d'ajouter à son panégyrique, non seulement l'épithète épique de « Danni nian », mais aussi la devise nobiliaire entière des Kamara.
La défaite des Kamara, lui ouvre une des portes du Manden ; il fond alors sur K(i)ri et les terres de Dankaran Tuman(i),
légitime héritier du royaume du Manden, le fils de Naré
Famanghan Kon Fatta Konaté, qu'il met en fuite, après avoir défait ses quatre corps d'armée (Kéla Kandi, Bangandi, Sendugu Warafan et Manden Sandigi). Là, il ravage le Manden pendant 5 (ou 7 ?)
ans.
C'est alors que Bala Fasséké Doua, griot des Konaté envoyé en qualité de négociateur, se
fait capturer par Soumaworo ; ce dernier l'ampute pour le garder auprès de lui. Bala Fasséké devient alors le griot personnel de Soumaworo et y acquiert alors le patronyme épique de « Kouyaté »,
(« Kwâtè ») que porteront tous ses descendants.
Bala Fasséké, grâce son art incomparable, renouvelle et enrichit le panégyrique de Soumaworo. 
Du lieu de son exil (à Mema, chez le roi Tunkara ), SoundjataSundjata est le chant le plus célèbre de la tradition mandingue. On connaît cet air aussi sous le titre de L' Hymne à l'Arc ou encore Simbo... Lire la suite. acquiert de solides notions dans l'art de la cavalerie, et après 5 (ou 7 ?) ans, part à la reconquête de son trône ; il rasssemble les chefs du Manden restés fidèles
et mène la croisade contre Soumaworo ; cette guerre se termine après deux batailles décisives qu'il remporte. La dernière bataille, dans la plaine de
K(i)rina sera fatale à Soumaworo.
Le chant de « Soumaworo » célèbre donc, sur un mode épique, les victoires fulgurantes de ce roi sur les cités du Manding, ses
prises aussi rapides que brutales, entre autres, de Koukouba, de Bantamba, de Niani, et de Kambasiga.(2)
Ce chant est important dans la Geste du Manden car il propose des recoupements nombreux avec le «SoundjataSundjata est le chant le plus célèbre de la tradition mandingue. On connaît cet air aussi sous le titre de L' Hymne à l'Arc ou encore Simbo... Lire la suite. [faassa] » ;
Ainsi, il évoque bien souvent comme passages obligés :
des devises panégyriques des chants fondateurs comme «SoundjataSundjata est le chant le plus célèbre de la tradition mandingue. On connaît cet air aussi sous le titre de L' Hymne à l'Arc ou encore Simbo... Lire la suite. » et « Tiramaghan« Tira Maghan » est le chant tiré du panégyrique « Tira Maghan faassa » consacré au héros chasseur... Lire la suite. » dont ils sont indissociables ;
les devises panégyriques de son adversaire, l'unificateur du Mandingue (SoundjataSundjata est le chant le plus célèbre de la tradition mandingue. On connaît cet air aussi sous le titre de L' Hymne à l'Arc ou encore Simbo. Sundjata est le chant tiré
du panégyrique Sundjata [faassa] consacré au fondateur de l'Empire du Manden... Lire la suite.), et celles des grands héros de la Geste du Manden évoqués, dans des condensés fameux
comme «JanjonLa légende veut que Janjon ait été le (sur)nom d'un sorcier-chaman aux pouvoirs surnaturels particuliers aux tout premiers temps du Manding...
Lire la suite. » parmi lesquels les
preux Kamara, puis Fakoli, le héros de démesure, haut en couleurs, Fakoli Kumba [la-grosse-tête], Fakoli Daba [la-grosse-bouche], puis l'illustre descendance de Tiramaghan« Tira Maghan » est le chant tiré du panégyrique « Tira Maghan faassa » consacré au héros chasseur... Lire la suite. par leur mère Nana Triban, ainsi de suite...
Ce chant a une variante populaire que l'on chante sous le nom de : « N(o)um(o)u Faasa » (chant des forgerons).
Liens complémentaires :
- Origines patronymiques du nom : «Kanté » ;
- Origines patronymiques du nom : «Kouyaté » [Sory Kandia Kouyaté]
- Chant épique «JanjonLa légende veut que Janjon ait été le (sur)nom d'un sorcier-chaman aux pouvoirs surnaturels particuliers aux tout premiers temps
du Manding... Lire la suite. » ;
- Chronologie du Mandé : des origines au XIII° siècle. 
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(1) Le «faassa», c'est le chant consacré à une famille, le panégyrique d'un héros et de son clan. Il inclut souvent sa devise et celle d'autres clan ayant partagé ses exploits.
Pour lire le panégyrique complet de Soumaworo Kanté, voyez le livre de Youssouf Tata Cissé, Wâ Kamissoko, Soundjata la gloire du Mali - La grande geste du Mali T. 2 © 1991, Karthala -Arsan.
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(2) Allusion aux batailles célèbres remportées par Soumaworo Kanté entre 1230 et 1235. Voyez ma Chronologie. La devise complète de ce vers sur Soumaworo
est la suivante : Soumaworo dit Danni, héros (de) Kounkouba (ni) [La Grande Montagne] et (de) Bantanba [Bataille des grands massacres], (de) Niani-Niani [répétition emphatique, synonyme de Niani-Ba =
Niani la Grande, capitale originelle du royaume du Manding] et (de) Kanbasiga, (de) Kayrumajigiso, (de) Kétunkalaninyan, (de) Jénnebagalisuba, Nèmitè et (de) Némindogola. En fait, Kounkouba,
Niani et Kanbasiga auraient été des grandes cités minières et de grands centres de fusion de fer, selon Youssouf Tata Cissé, Wâ Kamissoko, op.cit. [retour au texte]
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