Ce chant est d'origine malienne et peuhle.
« Mamaya » est avant tout une danse importée du Mali en Guinée dans les années 30 et qui prit son plein essor
après la 2ème guerre mondiale dans toute l'Afrique de l'Ouest.
« En effet, selon les information véhiculées dans la cité [Kankan], cette danse est d'origine malienne. Elle a été
introduite à Kankan grâce à certains fils du terroir qui voyageaient sur Bamako, capitale de la République du Mali, de 1936-1937, pour le commerce, à bord de deux chalands vers Sikasso et
Tombouctou, et qui naguère naviguaient sur le fleuve, servant de fait, de moyen d'échange commercial entre Kankan et Bamako », comme nous l'apprend Lansiné KABA, traditionaliste émérite de Guinée
dans Cheick Mouhammoud Chérif et son temps, Paris, Présence Africaine, 2004.
À propos de ces voyageurs, l'histoire retient quelques noms dont : Laye Sékou Bayo, Madifing Kaba, et Nana Kaba à Banankoroda, Laye Taliby Koulibaly, Baba Camara, Hawa Saran Mory Kaba,
Kéréta Mory Kaba à Kabada, Frantoman Camara à Timbo. »(1)
« Les sources orales rapportent qu'au cours de leurs voyages, par les bons soins de leurs tuteurs, ils ont
découvert sur les lieux de réjouissance la danse Mamaya qu'ils apprécièrent beaucoup. Ils apprirent à la danser et à maîtriser ses pas. »
Très vite, cette danse va prendre son essor à Kankan sous l'influence de Bandian« Bandian » est un chant éponyme, en forme d'hommage à la personnalité importante dans les années 40 en Guinée qu'était Bandian Sidibé. Bandian Sidibé (Sidimé) était
un sculpteur émérite d'ivoire, commerçant prospère, et ami des jeunes et des griots... Lire la suite. Sidibé(2), de Kankan. Une tradition fait de Bandian« Bandian » est un chant éponyme, en forme d'hommage à la personnalité importante dans les années 40 en Guinée qu'était Bandian Sidibé. Bandian
Sidibé (Sidimé) était un sculpteur émérite d'ivoire, commerçant prospère, et ami des jeunes et des griots... Lire la suite. Sidibé, le créateur de ce chant, mais en réalité il ne fut que
le parrain et l'organisateur de l'association des jeunes de Kankan réunis en «Sandiya» (société de danse). Les tout premiers griots qui adaptèrent à la kora ou au balaphon cette danse furent « la Mamaya que NFa Sidy aurait créée et que ses fils, Sidy Mamady, Sidy Karamo, Sidy Moussa, et Djanka
Amo ont popularisée dans les années 1940. Cette composition symbolisa l'âge d'or des groupes traditionalistes, en somme la civilisation populaire de Kankan. » Lansiné KABA (ibid.).
Pour Lansiné KABA : « l'originalité résidait dans son caractère à la fois conventionnel et moderne offrant la possibilité de jouer un instrument de musique et de prétendre à la célébrité
sans considération de naissance ou de statut » (ibid.).
Comme «YeelaYeela (Debe) est un chant panégyrique que les maîtres griots peuhls
chantent pour leur chefs («abo») en leur honneur... Lire la suite. » (auquel elle emprunte certains motifs musicaux), «Mamaya» est une danse au rythme solennel, traditionnellement
dansée sur un rythme majestueux, dans un club ou un groupe dont on faisait partie. Vêtus d'habits de fêtes brodés, les danseurs et danseuses font étalage de leur beauté, en dansant dans deux cercles
(les hommes dans le cercle extérieur, les femmes le cercle intérieur).
Un des refrains consacrés du chant, d'ailleurs, rappelle cette devise tirée de JanjonLa légende veut que Janjon ait été le (sur)nom d'un sorcier-chaman aux pouvoirs surnaturels particuliers aux tout premiers temps du Manding... Lire la suite. :
« Tolôn tè sèbè sâ », c'est-à-dire : « L'amusement n'empêche pas le sérieux ».
Selon l'ethomusicologue Eric Charry, dans Mande Music: Traditional and Modern Music of the Maninka and Mandinka of
Western Africa, la ligne rythmique du chant « Mamaya » serait issue de celle de «Diaoura« Diaoura » est un chant d'origine malienne de la région de
Kita.À l'origine, c'est un rythme de danse champêtre créé au djembé puis adapté au balafon et à la kora... Lire la suite.».
Ami Koïta a interprété magistralement cette chanson en la modernisant et en a fait un
tube mondial. Le djembefolá Mamady Keïta a aussi beaucoup contribué à faire connaître ce rythme par ses disques et ses ouvrages pédagogiques.
Interprètes célèbres de « Mamaya » :
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Notes : 1. Banankoroda, Kabada, Timbo sont des noms de quartiers de Kankan. [retour au texte ]
2. Bandian Sidibé était un sculpteur émérite d'ivoire, ami des jeunes et des griots, terrassé par la mort en 1947. Un chant lui a été consacré, chanté notamment par
Balla et ses Balladins. Source : Mamadi KABA, Anthologie de chants mandingues, L'Harmattan,
pp.187 [retour au texte ]
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