En effet, à cette époque, nous informe Mamadi KABA, « la circulation des personnes et des marchandises avait été
interrompue entre les colonies françaises et anglaises, en raison de l'antagonisme entre les régimes français de Pétain et celui anglais. [...] Alors que toutes les marchandises manquaient dans les
colonies françaises [...], les colonies anglaises regorgeaient de marchandises dont les prix défiaient toute concurrence. [...]
Un griot commerçant qui a fait de la contrebande et a été pris dans les filets de la douane, a été torturé et à sa libération a composé le chant “Nanfoulen” ou “Viens me
délivrer” qui eut beaucoup de succès ».
Le succès de cette chanson fut tel après guerre que beaucoup de griots s'en emparèrent et la
transformèrent en chanson d'amour ou d'hommage (à une certaine Kamara, “djatiguiLe “(d)jatigui” est le patron ou une famille qui
protège et assure un certain confort matériel au griot... Lire la suite.”); si bien qu'aujourd'hui les themes initiaux d'emprisonnement et de contrebande ont disparu des
interprétations. Ainsi, dans le refrain, l'adresse au douanier persécuteur n'apparaît presque plus, du moins dans les nouvelles versions que je connais.
Notez que la chanteuse de la vidéo ci-dessous reste plus proche de la chanson originelle, en rappelant
le thème historique de la guerre dans le refrain, « Nanfoulen, kèlè magni : Délivre-moi, la guerre est terrible ! »
Cependant, en 2011, un internaute attentif m'a signalé une autre origine à ce chant et, même si ni lui ni moi n'avons, pour
l'instant, pas de preuves matérielles de cette origine, par respect pour sa contribution sincère, je la soumets telle quelle à mes lecteurs :
« Concernant Nanfoulen, une version bien plus ancienne (en termes historiques) m'a été confiée et elle n'aurait pas de liens (du moins à l'origine) avec la contrebande.
Ce morceau serait destiné à la famille Mara.
La fille d'un roi Mara, ne désirant pas se marier avec un homme qu'on lui impose, fut condamnée à mort par son père.
Alors qu'elle criait "nanfoulen" adressé à son amant, le griot composa ce morceau pour forcer le père à changer d'avis. Ému par cette chanson, le père gracia sa fille et leva un interdit sur la
famille Mara autorisant les femmes de cette famille à choisir leur époux (ce qui fait office d'exception dans cette région).»
That very popular song is coming from Guinea ; it is rather recent, dating back from the 2nd world war.
Indeed, at that time, as Mamadi KABA said, "the circulation of people and goods had been stopped between the French and English colonies, because of antagonism between French rules of Petain and
that of the English. [...]
Whereas all the goods missed in the French colonies [...], the English colonies abounded in goods whose prices defied any competition. [...] A jèlía
jèlí (plural, jèlílu) is a bard, loremaster, and praise-singer in Manding areas... Read more. tradesman who was smuggling, had been taken in the nets of the customs ; so he had been tortured ; when he had been released, he composed the song "Nanfoulen" i.e. "Come,
release me" telling about his captivity and harm ; that tune had much success".
The success of the song after the war was so great that many jèlílua
jèlí (plural, jèlílu) is a bard, loremaster, and praise-singer in Manding areas... Read more. adapted it into a love and praising song (devoted to a certain Kamara, a loved “djatigui”) ; so that today, the initial
topics of imprisonment and smuggling disappeared from interpretations. Thus, in the chorus, the address to the persecuting customs does not appear almost any more, at least in the new versions I
know.
Note that the songstress in the video still gets closer to the original song, by pointing out the historical topic of the war
in the chorus, "Nanfoulen, kèlè magni : Release me, war is bad ! "