|
|
|
Mandingue en 1855 - Illustration de "Voyages en Afrique" par Eugène Charles Mettais, pour le livre de René Caillé, in Voyages en Afrique par
Bruce, 1855
© source : NYPL (New York Public Librairy) - Schomburg Center for Research in Black Culture / General
Research and Reference Division
|
« Bakary Jan » est le chant éponyme épique dédié au général de Ségou, Bakary Sidiki Dangana Koné dit
« Jan » (« le Grand ») en malinké ou encore « Tièdian » en bambara (« le Preux »). Ce chant est attaché à la ville de Ségou (Mali), il fait partie du cycle de
la Geste bambara de Ségou avec DugaDuga c'est l'air du Vautour, le symbole du héros épique mandingue ; Duga est un chant très populaire dans les pays de
tradition mandingue qui appartient au cycle de la Geste des Chasseurs, depuis le Haute Antiquité, du moins depuis l'organisation des chasseurs en confréries en Afrique de l'Ouest... Lire la
suite., Tutu Diarra« Tutu Diarra » est le chant éponyme épique dédié au roi bamabara de Ségou, Ngolo Diarra dit « Tutu » (le Serpent) en bambara. Ce chant est
attaché à la ville de Ségou (Mali)... Lire la suite et Jonkoloni« Jonkoloni » est un chant épique attaché à la ville de Ségou (Mali), il fait partie du cycle de la Geste bambara de Ségou avec « Duga », « Tutu Diarra » et « Bakary Djan » (Juru nani) avec lequel il forme pour ainsi dire, un diptyque épique... Lire la suite. (Dionkoloni) avec lequel il forme pour ainsi dire, un diptyque épique.
Bakary Jan fut, en effet, un général intrépide du roi Da Monzon ou Da Diarra, fils de Monzon Diarra qui étendit les limites
du royaume bambara jusqu'à en constituer un empire du pays Mossi à Tombouctou. Bakary Jan, lui, entra dans l'histoire en défendant avec acharnement sa cité contre l'envahisseur peuhl.
En effet, l'histoire raconte qu'entre 1826 (date de la prise de Tombouctou par les Peuhls) et le milieu du XIXe
siècle, un Peuhl venu du Macina (Est du Mali) se mit à terroriser la population de Ségou et exiger d'elle un tribut en viande de plus en plus contraignant. Et elle ajoute que seul Bakary Jan osa le
défier pour mettre fin à ses exactions, et que le roi lui-même (Da Diarra), qui craignait les réprésailles, l'abandonna.
La légende épique transforma ce Peuhl(*) en un monstre démoniaque pourvu “sept
yeux, sept bouches et sept têtes”, nommé “Bilissi” (c'est-à-dire “Ibliss”) l'ange déchu du Coran. C'est donc le combat “Bakary Jan” contre ce suppôt du
Diable que narre le chant épique. Et, évidemment, le preux “Maître-de-Vérité” (**) l'emporte sur ce démon, albinos difforme, chevauchant cinq chevaux blancs ; ce
dernier est, selon les versions, tantôt provoqué en duel devant les murs de Ségou et tué par Bakary Jan, tantôt précipité dans un ravin par ses chevaux - ou simplement « renvoyé chez
lui ».
Cette épopée a été relatée, en détail, par L. KESTELOOT et B. DIENG dans Les épopées d'Afrique noire, pp.181-191.
Ce chant, connu aussi sous le nom de «Juru nani» est un grand classique du n'goni, fait
référence aux 4 cordes du n'goniLe nkoni est un luth de la tradition mandingue classique à 4 cordes à l'origine. C'est l'instrument roi par excellence de la
musique classique mandingue... Lire la suite, (dans son refrain, en l'opposant au luth monocorde originel) si bien que des traditionistes ont émis l'hypothèse que la transformation du
n'goniLe nkoni est un luth de la tradition mandingue classique à 4 cordes à l'origine. C'est l'instrument roi par excellence de la musique classique
mandingue... Lire la suite en luth à 4 cordes daterait de cette époque. Ce chant ne doit pas être confondu avec «Julu Kara
NayniJulu Kara Nayni est un chant qui évoque conjointement Alexandre le Grand et Soundjata... Lire la suite. » qui appartient au cycle malinké de SundiataSundjata est le chant le plus célèbre de la tradition mandingue. On connaît cet air aussi sous le titre de L' Hymne à l'Arc ou encore Simbo. Sundjata est le chant tiré du
panégyrique Sundjata [faassa] consacré au fondateur de l'Empire du Manden... Lire la suite..
Le grand griot n'konifôlaUn nkonifolá(qui fait parler la kora) est un
joueur de n'koni (luth à 4 cordes) nkonifolàlù, au pluriel... En savoir plus. Banzoumana Sissoko a enregistré plusieurs versions traditionnelles de «Bakary Jan». Le « Super Biton de
Ségou » et Keletigui et ses Tambourinis en ont donné des versions modernes sur divers albums dans les années 70. Le grand n'konifôlaUn nkonifolá(qui fait parler la kora) est un joueur de n'koni (luth à 4 cordes) nkonifolàlù, au pluriel... En savoir plus. Bassekou KouyatéL'héritage est la meilleure source de l'inspiration. Et Bassékou Kouyaté s'est abreuvé à de limpides sources. Né en 1966 à Garana (Tamani, préfecture de Baréouli), son père, Moustapha Kouyaté, était sans doute le plus grand joueur de n'goni de la contrée... Lire la suite. a enregistré ce morceau en 2007 sur son album Segu Blue, sous le titre « Juru nani ».
________
Notes
(*) Ce Peulh "démoniaque" est une préfiguration des menées d'Amadou Cheikou qui défit Da Diarra puis de l'invasion massive d'El Hadj Omar Tall, vingt ans plus tard, qui finit
de s'emparer définitivement de Ségou [retour au texte]
(**) "Tientigui Togoma" (Le Maître de la Vérité) est l'épithète épique du héros. [retour au texte]
|
Interprètes célèbres de « Bakary Djan » :
|
Banzoumana Sissoko, Musique du Mali : Le Vieux Lion, LP, Editions Ministère Mali |
|
Super Biton de Ségou, Regards sur le passé à travers le présent, LP 1970 , Editions Ministère Mali , Mali 1001 |
|
Wande Kouyaté, La grande vedette malienne, © Mali K7 AS322 |
|
Bassekou KouyatéL'héritage est la meilleure source de l'inspiration. Et Bassékou Kouyaté s'est abreuvé à de limpides sources. Né en 1966 à Garana (Tamani, préfecture de Baréouli), son père, Moustapha Kouyaté, était sans doute le plus grand joueur de n'goni de la contrée... Lire la suite., Segu Blue © 2007 - Out Here Records |
|