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Ce chant, d'origine malienne, est fort ancien : il remonte au temps de l'empire du Wagadou (« Ghana » en arabe), un des empires le plus anciens d'Afrique noire.
On date le début de l'organisation du Wagadou en empire à partir de l'accession au trône du légendaire Dingha Khôrè, lui-même originaire, dit-on, d'Assouan (Égypte) avec son chef de troupe Garabara Diané ou Diadiané. Cet homme était un prince d'origine Soninké(1).
Là, il eut à combattre les peuplades Karogo (ou Karos) qui défendirent farouchement leur territoire. Les combats furent si sanglants que plusieurs peuplades choisirent s'exiler dans le Kaarta et au Manding naissant. C'est de cette époque que date, selon la légende, son alliance avec le grand python sacré du grand bois (« Sâba Miniyamba »), nommé originellement « Bida » (« python boa », en sarakholé, langue des Soninké, « Miniyan » en soninké, « Sâba » en langue mandenka). Ce dernier lui aurait promis victoire et richesse en gage du sacrifice annuel de la plus belle vierge de la cité.
Après sa mort, la descendance de Dingha Khôrè prit le nom-titre honorifique de « Wagué » dont les célèbres 6 fils Wagué de Dingha Koré par alliance ; de la branche matrilinéaire (la succession soninké se faisant par le fils de la sœur) des « Wagué » furent issus les 6 clans de marabouts islamisés : Soukhona (Sokhona), Bérété, Khomma, Djâné, Touré, et Cissé. 
Plusieurs siècles passèrent et c'est au VII° siècle que Makhan Diaba (Djabé) Cissé(2), prince soninké, réalisa l'unification de l'empire soninké qui s'étendit du Tékrour (ouest) au Diafounou (à l'est) et jusqu'à la région de Djénné. Selon l'historien Youssouf Tata Cissé, c'est en grande partie grâce à ce prince que se généralisa l'usage de la cavalerie dans cette partie de l'Afrique de l'Ouest ; de ce fait, le patronyme de « Cissé », signifie en Mandenka, « cavalier », et ce mot lui-même avait été emprunté au mot soninké « sy » signifiant « cheval blanc ». 
Au siècle suivant, selon l'africaniste Delafosse, le fils de Bentigui Doucouré vint au pouvoir après avoir tué l'assassin de son père et prit le titre de « Kaya Maghan Cissé » (Cissé, Souverain de l'Or). En effet, la capitale du Wagadou, sise à Koumbi-Saleh (au sud de la Mauritanie actuelle), était devenue réputée pour son commerce d'or ; elle était même reconnue pour cela par tous les historiens arabes de l'époque, dont témoigne encore le Tarikh El Fettach au 18ème siècle.
L'empire du Wagadou prospéra pendant près de 8 siècles avant de tomber en décadence sous les assauts répétés des Almoravides ou du royaume du Soussou, il reste une incertitude historique sur ce point. Cependant, les historiens s'accordent pour dater la chute de l'empire du Wagadou à la prise et la destruction (partielle) de Koumbi-Saleh, en 1076 (ou 1077).
Le chant évoque le mythe du grand python sacré du grand bois (« Sâba Miniyamba »), originellement «Bida», les exploits de Diabé Cissé et, de là, le lignage des « Khaya Manghan Cissé », leur alliance avec le génie tutélaire serpent Bida, et enfin son meurtre par un prince islamisé, Mamadou (Mamadi) dit Séfédoukhôté (« le Taciturne ») Sakho.
La légende raconte que, du temps des Cissé, la plus belle jeune vierge de la cité était promise annuellement en offrande sacrificielle à « Bida » ; cela avait été la condition d'un pacte scellé par Dingha Koré à son arrivée dans le Wagadou avec le génie du lieu ;
or, une année, le choix tomba sur une vierge nommée Siya (dite aussi « Asian ») Yatabéré, par ailleurs fiancée promise à Mamadou Séfédoukhôté. Par deux fois auparavant, ce jeune prince avait perdu ses promises, offertes en sacrifice à Bida. Cette fois, il refusa le sacrifice de son amour et se prépara à tuer le serpent. Ce qu'il fit.
Mais d'autres disent que Syia fut sacrifiée quand même au Bida et périt car le héros arriva trop tard. Selon eux, ce n'est que plus tard que Bida fut tué. Ils rejoignent en cela le traditioniste émérite Wâ Kamissoko qui semble plus précis sur le meurtrier du serpent Bida ; il affirme, pour sa part, que cet homme se prénommait en réalité Yiramakan ; ce ne serait donc qu'après la mort de Yiramakan que ses descendants prirent le surnom de « Sâkho », c'est-dire-dire : « gens-nés-après-le-serpent (sâ) ».
Par le meurtre du Miniyamba, le chant (condensé du mythe) explique la décadence de l'empire du Wagadou, commencée par «sept années, sept mois et sept jours de sécheresse» (prédiction de Bida).
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1. [Article de Wikipédia] Les Soninkés sont une ethnie mandingue d’Afrique de l'Ouest sahelienne, présente surtout au Mali le long de la frontière sénégalaise entre Nara et Nioro du Sahel, ainsi qu'au Sénégal et en Mauritanie.
Ils se désignent eux-mêmes par le mot soninké» qui est en réalité le singulier du mot soninko», mais sont également appelés Sarakholés par les Wolofs, Marakas par les Bambaras, Wangara par les Malinkés, Wakoré par les Sonrhaïs, ou encore Toubakaï... Lire la suite sur Wikipedia. [retour au texte]
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(2) Contrairement à ce que l'on lit parfois, Diabé Cissé n'est pas le fils de Dinga Khorê ; plusieurs siècles les séparent ! [retour aux texte] |
Interprètes célèbres de "Miniyamba" :
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Coumba Gawlo, Royaume du Mande, © 2000 Sono /Syllart, CD CDS7038 |
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Djeli Moussa Diawara, Afro Blues, © 1998 Warner Music France / WEA |
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Seckou Keita, The Silimbo Passage Seckou Keita n'était pas destiné à devenir « griot », au sens strict du terme, mais en réalisant sa vocation, il a accompli son destin... Lire la suite., © 2008 World Artventures |
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