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Cette chanson fut tirée d'un conte populaire. Le conte dit que, dans un village dans l'ancien Mali, entre une jeune femme et un hippopotame se créa un lien particulier. Chaque fois que la femme allait laver le linge ou la vaisselle à la rivière, cet hippopotame (mani) à la puissance surnaturelle (« sajio », qui veut dire aussi jumeau en malinké), communiquait avec elle. La légende précise qu'il avait le chanfrein blanc et les pattes blanches jusqu'aux garrots. Cette relation eut lieu dans le village de Bafoulabé, au confluent du Bagoé et du Ban(i)fing, affluents du Niger : d'où un refrain de la chanson : «Yeeh, mani sajio, Bafoulabé mani sajio: ô toi, puissant hippopotame du confluent »(1). La jeune femme tomba enceinte ; le pacte mystique entre la femme et l'hippopotame voulait que l'enfant à venir soit le gage de leur amitié. Une fille naquit qui devint l'amie de l'hippopotame. En échange d'une nourriture symbolique, l'hippopotame procura de l'or et la richesse à la famille de cette fille. Mais un jour, un chasseur jaloux tua l'animal. La fille dut alors renoncer au mariage, «à cause de l'amitié» exclusive avec cet hippopotame.(2) Selon les versions, cette chanson évoque certains interdits sociaux : l'adultère ; un passage des couplets dit : « une amitié entre deux hommes ou entre deux femmes ne prête pas à commentaire, mais une amitié entre un homme et une femme est toujours suspecte » ; l'hippopotame serait alors une figure de l'étranger. l'inceste sororal (entre frère et soeur) ; l'hippopotame serait alors une figure du frère. Par ailleurs, les griots chantent «Mali Sajio» pour glorifier les origines totémiques du Mali rappelant ainsi l'étymologie populaire du pays. En effet, le mot « Mali » vient de la prononciation particulière aux Peulhs de « Mani », nom originel en malinké (« Maninka ») de ce pays. C'est pourquoi, les griots citent souvent au milieu de la chanson la devise des familles peulhes du Manding.
Interprètes célèbres de «Mani Sajio» :
Notes(1) note de Sory Camara, Gens de la parole, [voir bibliographie] : "Mani" signifie hippopotame et "sajio" est ici utilisé comme épithète pour évoquer la puissance. À l'origine, "sajio" est le nom que l'on donne à l'enfant qui naît après des jumeaux. Celui-ci est censé avoir une puissance surnaturelle. Le confluent dont il est question ici est celui du fleuve Bafing et du fleuve Sénégal au nord-ouest du Mali. [retour au texte](2) Le chant principal est constitué des plaintes de la jeune fille qui s'adresse à sa mère, le refrain des réponses du Choeur (les villageois de Bafoulabè) [retour au texte] |
Toumani Diabaté / MangalaMamoutou Camara dit Mangala, né en 1960 à Kéniéba près de Kayes, commence sa carrière musicale dès 8 ans, malgré l'opposition de sa famille... Lire la suite. - © Sophie Comtet Kouyaté |
Madou Sidiki DiabateMadou Sidiki Diabaté est le dernier fils de S. Diabaté et le petit frère de T. Diabaté, korafolá virtuose. En 1992, il fut le plus jeune korafolá à se produire seul à la kora à la télévision... Lire la suite. & Gordon Hellegers - Malisadio - 2008 (9:29)- iGrass Valley California, December 2008. |
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This song hails from a popular tale. The tale has on it that a loving link rise up between a young woman and a hippo. Every time the woman washed clothes or dishes at the river, a mighty and supernatural hippo talked to her. That relationship began in a village at the confluence of Bagoé and Ban(i)fing, affluents of the Niger river. That's the reason why one chorus of the song is : « Yeeh Mani sadjio, Bafoulabe Mani sadjio! » The woman became pregnant ; according to the mystical pact between her and the hippo, the future child would be the pawn of that relationship. When a daughter is born, she became the close friend of the hippo. But one day, a jealous hunter killed the hippo. The young girl had to renounce the weddings, « because of the friendship with the hippo ». Following versions, by the way of that song, jèlílujèlílu (plural, jèlílu) are bards, loremasters, and praise-singers in the Manding areas whose functions are story-telling, speaking about lineages, singing and playing music as they want and hear it. may send an advice about taboos like : adultery : there are words in the verses like : « two men or two women who are friends, that is a fact blamed by no one but everybody will suspect a man and a woman being (only) a friends »; incest between brother and sister (the hippo would be a metaphor of the brother). Jèlílujèlílu (plural, jèlílu) are bards, loremasters, and praise-singers... Read more. use to sing « Mali Sadjio » to glorify totemic origins of the Mali, recalling by that way of speaking the common etymology of that country name. As a matter of fact, the word « Mali » is a result of Fula people particularly pronouncing « Mani » ; actually, « Mani » is the real word in Maninka tongue for this country. That is the reason why, jèlílujèlílu (plural, jèlílu) are bards, loremasters, and praise-singers... Read more. use to quote the epic slogan of Mande Fula people, when they sing that song :
Famous performers of « Mani Sajio » :
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