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Origine du chant :
Ce chant fut composé entre 1866 et 1867 à la suite de la guerre des Peulhs musulmans coalisés (« Fula ») sous la conduite de
l'almamy Oumar contre ce qui restait du royaume païen de N'Kaabu (N'Gabou). Il appartient au cycle du roi Janké Wali.
Composé peu après le chant «BaniBani évoque la guerre des Peulhs musulmans contre
le royaume païen de N'Kaabu et plus particulièrement le début de cette guerre déclenchée à la fin du XIX° siècle, la guerre de Manda... Lire la suite. », Kedo évoque la fin tragique du
siège de Kansala en 1867 et la chute du royaume du N'Gabou. Le désastre fut tel que la capitale du N'Gabu changea de nom dans la bouche de la postérité pour porter celui de « Touraban » , ce qui, en
mandingue, veut dire « extermination de l'humanité ».
Voyez le récit de ce siège par Tierno Monenembo sur WebPulaaku, site
web consacré à l'histoire des Peuhls.
Dans le chant Kedo, sont évoqués sur un mode épique les exploits des grands condottieri gabunké aux
surnoms plus «horrificques» les uns que les autres et dont les plus célèbres furent : Janké Wali bien-sûr, leur général en chef et roi suprême (Mansa ba) des Gabunké, mais aussi le général héroïque,
Faratamba Maran(7) et les héros sans peur (Malan) Tamba dit
« Maran Bulu Kengma » (« Maran-dont-le-Bras-n'épargne-personne »), Kanku Tamba dit Kaburu Kouto (« Le Nouveau Cimetière ») et Bibi Saya (« La Mort Immédiate »).
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Chef peulh - Col. FREY, Côte occidentale d'Afrique -1890
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Notez que le chant est nommé parfois « Balankula » (Celui qui dit Non), surnom honorifique donné à Janke Wali, en raison de
sa ténacité face à l'envahisseur peuhl. En fait, exactement comme « KelefabaCe chant a pour toile de fond la légendaire rivalité entre les ethnies mandingue et peuhle, rivalité qui fut exacerbée à la fin du XIXe siècle et aboutit à de sanglantes guerres... Lire la suite. » et «Kuruntu KelefaLittéralement, « Kuruntu Kelefa » signifie « Kelefa tiré sur son char ». En effet, l'histoire raconte que les chevaux de Kelefa Saneh, auquel ce chant est dédié, étaient dressés pour avancer au trot cadencé sur le rythme de ce chant... Lire la suite. », « Balankula » et « Kedo » sont complémentaires : «Balankula» est souvent interprété comme une 1ère partie du chant et constitue le panégyrique de Janké Wali, puis vient l'interprétation proprement dite de « Kedo » qui offre inévitablement l'occasion de rappeler les panégyriques et devises des familles de haute et antique noblesse gabunké, comme les Sané (Sanneh) et les Mané (Manneh).


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Farafina, Nemako, CD Real World / Intuition © 1997 |
Notes :
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1. Les paroles du Choeur sont censées être interprétés par les Peulhs assiégeants ; Kedo : signifie initialement : "Hommes de Do" ; mais ce mot est vite devenu synonyme de "renégat", "apostat"
revenu au paganisme... [retour au texte]
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2. Dans les couplets, ce sont les griots gabunké qui s'adressent à leur général, Janké Wali ; voir bibliographie : NIANE TAMSIR Djibril, Histoire des Mandingues de l'Ouest - Le royaume du Gabou, Karthala-Arsan, Paris, 1990 [retour au texte] 
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3. Sané et Mané, patronymes de nobles fondateurs du royaume du NGabu ; ces patronymes sont devenus synonymes de nobles du NGabu (et de la Gambie actuelle) [retour au
texte]
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4. Jeu de mots latent entre "soumâ" en Mandinka signifiant "se calmer" et le patronyme noble "Souma". [retour au texte]
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5. ñanchio (nianthio) : princes de la noblesse éligible au trône car plus proche du roi par lien matrilinéaires. [retour au texte].
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6. korin(g) : nobles guerriers (noblesse héréditaire); souvent issus des familles Sonko ou Sagniang, comme dit le chant. Il existait une forte rivalité entre les ñanchio et les korin(g) ; « Les
koring sont liés aux ninanthio par des liens de vassalité très stricts ; les premiers doivent aux seconds soumission et fidélité, en échange de quoi ils ont droit aux plus hautes
fonctions et à de nombreux privilèges à la cour. » Donc, les ñanchio étaient plus haut dans la noblesse (1er et 2ème rang) alors que les koring n'étaient situés qu'au 3ème rang ; à ces titres, les
ñanchio montaient des chevaux blancs tandis que les korin(g) ne montaient que des chevaux noirs.
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7. Faran(ba) Tamba était un général gabunké qui tenta de venir en aide à Dianké Wali par une contre-attaque de l'extérieur ; très vite surpassé par les Fulas, il «succomba sous le nombre aux
abords de Douroubali ». NIANE TAMSIR Djibril, Histoire des Mandingues de l'Ouest - Le royaume du Gabou, p.192 
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Interprètes célèbres de « Kedo » :
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Sory Kandia Kouyaté, L'épopée du Mandingue vol.2 |
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Gambie, L'Art de
la kora, Jali Nyama Suso, © Ocora Radio France, réédition 1996 |
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Baaba Maal, Firin' in FoutaMulti-instrumentiste de talent et chanteur au registre impressionnant, bien qu'il se fasse le chantre de la cause peulhe, Baaba Maal ne tire pas moins son inspiration de nombreux chants du folkore mandingue... Lire la suite. © 1995 - Mango Records US |
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Morikeba Kouyaté, Music of Senegal © 1997 Traditional Crossroads - TCRO4285 |
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Farafina, Nemako, CD Real World / Intuition © 1997 |
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