« Taara » c'est l'air du « départ » (pour le pays des ancêtres), autrement l'éloge funèbre par excellence. C'est un chant très ancien, d'origine peuhle, composé sur le rythme du YeelaYeela (Debe) est un chant panégyrique que les maîtres griots peuhls chantent pour leur chefs («abo») en leur honneur... Lire la suite.. La « Taara », chant anonyme à l'origine, fut renouvelée pour plusieurs hauts personnages au cours de l'histoire des Peuhls et finit par rester attachée à la figure du grand conquérant peulh du XIX° siècle, Cheick Omar Tall dit El Hadj Omar et à celles de ses fils, Ahmadou, Mâki et Nourou, continuateurs de son œuvre.
Umar al-Foutiyou Tall ou Omar Seydou (Saïdou) Tall (1797~1864) était le fils d'un marabout d'une famille Torobè (1) . Toucouleur descendant d'une grande famille de notables et chefs religieux descendants de 'Uqbah Ibn 'Amr, un compagnon du prophète Mahomet, il a commencé à approfondir sa connaissance de l’islam grâce à Abd el-Karim, un lettré musulman originaire du Fouta-Djalon, membre de la confrérie Tidjaniya. Leader et érudit né, Omar crée une medersa (école élementaire d'enseignement coranique), à 23 ans, en 1820, et part en pélerinage à la Mecque. Au cours de son pélerinage, il s'y fit recevoir dans la confrérie Tidiane (Tijiana) et revint chez lui avec les titres d'« El Hadj » et de Calife de la confrérie soufi Tidjane pour le Soudan avec le mandat de convertir cette partie de l'Afrique, tant sa connaissance en l'Islam était étendue. Vers 1840, El Hadj Omar s'installa alors à Dinguiraye et entre 1841 et 1848, inlassable prêcheur de la doctrine sunnite sous obédience de la spiritualité soufie tidjiyane, il fonda une zaouïa (2) qui dès lors rassembla une foule considérable de disciples (talibé).
À partir de 1850, adulé comme un saint et fort de ses milliers d'hommes, il se met en tête de fonder un empire musulman, s'empare du Bambouk et du Kaarta. Arrêté dans sa progression à l'ouest par l'avancée coloniale de Faidherbe au Sénégal, il se tourne vers l'est en établissant sa base à Nioro du Sahel (1855). De là, il remonte vers Sansanding et à Ségou où il s'empare du royaume bambara de Ségou (1861). Là, il place son fils Ahmadou à la tête du royaume de Ségou ; ce dernier en restera le roi jusqu'en 1880. Poursuivant ses conquêtes au Nord, el Hadj Omar, s'attaque à Hamdallaye, mais se heurte à la résistance acharnée du royaume peuhl du Macina coalisé avec les restes du royaume bambara de Ségou. Il disparaît le 2 février 1864 dans des circonstances mystérieuses, près des falaises de Bandiagara, au cours de la campagne d'Hamdallaye contre les Peulhs du Macina révoltés. Ses plus fervents disciples attendent encore son retour, à l'instar du Mâdhi (le Saint Prophète). La tradition veut que ce soient les griots Diabaté qui aient renouvelé le chant «Taara» ; au tout début, au plus loin que remonte l'Histoire, la «Taara» fut dédiée à Lam(i)do(3) Dioulbé (Julbè), chef de Nioro ; mais après la conquête de cette cité, les griots Diabaté renouvelèrent le chant «Taara» en l'honneur d'El Hadj Omar, puis après sa mort, pour Ahmadou, et enfin pour Mâki Tall, ses fils les plus célèbres qui furent de farouches résistants à la colonisation française. source : Niane Tamsir D. et Suret-Canale J., Histoire de l'Afrique occidentale, Présence africaine, 1965 [bibliographie]
Véritable « hommage à l'action », en fait, « les paroles Tara nient la mort, car Tara est le souvenir de ceux qui ont «bâti de pierres vives» pour être continués ». source : Massa Makan Diabaté, Janjon et autres chants populaires du Mali, [bibliographie]
Interprètes célèbres de «Taara» : |
Baaba MaalMulti-instrumentiste de talent et chanteur au registre impressionnant, bien qu'il se fasse le chantre de la cause peulhe, Baaba Maal ne tire pas moins son inspiration de nombreux chants du folkore mandingue... Lire la suite. Taara - Khouly ak Khali beut Mbour ProdTaara (version longue) - Baaba Maal Samba Diabaré Samb.mp4
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« Tara » is the tune of the «departure» (for the ancestors country), i.e. a praising song in honor of the deads. It is a very old song, hailing from Fula people, composed upon the rhythm of Yeela. « Taara », anonymous tune, had been renewed for many heroes during the history of Fula and had been, at last, sealed to name of the great Fula conqueror of XIX° century, Cheick Omar Tall alias El Hadj Omar and to his sons, Ahmadou, Mâki and Nourou.
Umar al-Foutiyou Tall or Omar Seydou (Saïdou) Tall (1797~1864) was the son of a Fula marabout Torobe (1) . Born in Halwar in the kingdom of Fouta Tooro (present-day Senegal), Umar Tall , in his very early age, had been seen as very pious and clever, and at the age of 23 he attended a madrassa before embarking on pilgrimage (Hajj) in 1820. During his pilgrimage to Mecca, Umar had been hosted by the Tidiane brotherhood (or Tijiana) and came back home honored with « El Hadj » and « Calif of Tidjiani », Moslim honorific names ; he took back with him the mission to convert all Soudan, for his knowledge in Islam was so great. In 1848, he settled down to Dinguiraye ; in 1841, he founded a zaouïa (2) and since that time he gathered so many disciples (talibé).
In 1850, honored like a saint and with thousand men, he claimed the Holy War (Djihad) and began to set up a Moslim empire ; so he took up Bambouk and Kaarta areas. Stopped in the West by Faidherbe colonial troops in Senegal, he headed to the East, setttling down at Nioro du Sahel. There, he went up to Sansanding and Segou and he conquered the Bambara kingdom of Segou (1861). Here, he charged his oldest son, Ahmadou, to be the king of Segou. Succeeding in his conquests towards North, he planned to seize Hamdallaye, but he had to stop facing to fierce resistance of Macina troops allied to Bambara kingdom of Segou. He died in mysterious circumstances, near Bandiagara, in the campain against the Macina Fula in 1864. His talibé disciples still have faith in his return, like the Mâdhi (The Holy Prophet). Tradition tells that the Diabate griots actually renewed the song « Taara » ; in the beginning, that epic song was devoted to Lam(i)do(3) Dioulbé (Julbè), leader of Nioro ; but after the conquest of that city, they devoted the song « Taara » to El Hadj Omar, then after his death, to Ahmadou, and at last, to Mâki Tall, his famous sons, fierce resistants to the French colonization. source : Niane Tamsir D. et Suret-Canale J., Histoire de l'Afrique occidentale, Présence africaine, 1965 [bibliography]
Actually, the song is a « tribute to action », indeed, « the words of Tara deny the death, for Tara celebrates the memory of those who « built living stones » to be continued ». source : Massa Makan Diabaté, Janjon et autres chants populaires du Mali, [bibliography]
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