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Peulh - Aquarelle - © Christiane |
« Taara » c'est l'air du « départ » (pour le pays des ancêtres), autrement l'éloge funèbre par excellence. C'est un chant très ancien, d'origine peuhle, composé sur le rythme du YeelaYeela (Debe) est un chant panégyrique que les maîtres griots peuhls chantent pour leur chefs («abo») en leur honneur... Lire la suite..
La « Taara », chant anonyme à l'origine, fut renouvelée pour plusieurs hauts personnages au cours de l'histoire des Peuhls et finit par rester attachée à la figure du grand conquérant peulh du XIX° siècle, Cheick Omar Tall dit El Hadj Omar et à celles de ses fils, Ahmadou, Mâki et Nourou, continuateurs de son œuvre.
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Cheick Omar Tall - Photo
source : NYPL (New York Public Librairy) - Schomburg Center for Research in Black Culture / General Research and Reference Division
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Umar al-Foutiyou Tall ou Omar Seydou (Saïdou) Tall (1797~1864) était le fils d'un marabout d'une famille Torobè (1) . Toucouleur descendant d'une grande famille de notables et chefs religieux descendants de 'Uqbah Ibn 'Amr, un compagnon du prophète Mahomet, il a commencé à approfondir sa connaissance de l’islam grâce à Abd el-Karim, un lettré musulman originaire du Fouta-Djalon, membre de la confrérie Tidjaniya. Leader et érudit né, Omar crée une medersa (école élementaire d'enseignement coranique), à 23 ans, en 1820, et part en pélerinage à la Mecque.
Au cours de son pélerinage, il s'y fit recevoir dans la confrérie Tidiane (Tijiana) et revint chez lui avec les titres d'« El Hadj » et de Calife de la confrérie soufi Tidjane pour le Soudan avec le mandat de convertir cette partie de l'Afrique, tant sa connaissance en l'Islam était étendue. Vers 1840, El Hadj Omar s'installa alors à Dinguiraye et entre 1841 et 1848, inlassable prêcheur de la doctrine sunnite sous obédience de la spiritualité soufie tidjiyane, il fonda une zaouïa (2) qui dès lors rassembla une foule considérable de disciples (talibé).
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Racine Tall, chef des troupes d'El Hadj
Illustration d'E. Eugene Mage, (1837-1869), « Voyage dans le Soudan Occidental. »
source : NYPL (New York Public Librairy) - Schomburg Center for Research in Black Culture / General Research and Reference Division
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À partir de 1850, adulé comme un saint et fort de ses milliers d'hommes, il se met en tête de fonder un empire musulman, s'empare du Bambouk et du Kaarta.
Arrêté dans sa progression à l'ouest par l'avancée coloniale de Faidherbe au Sénégal, il se tourne vers l'est en établissant sa base à Nioro du Sahel (1855). De là, il remonte vers Sansanding et à Ségou où il s'empare du royaume bambara de Ségou (1861).
Là, il place son fils Ahmadou à la tête du royaume de Ségou ; ce dernier en restera le roi jusqu'en 1880. Poursuivant ses conquêtes au Nord, el Hadj Omar, s'attaque à Hamdallaye, mais se heurte à la résistance acharnée du royaume peuhl du Macina coalisé avec les restes du royaume bambara de Ségou.
Il disparaît le 2 février 1864 dans des circonstances mystérieuses, près des falaises de Bandiagara, au cours de la campagne d'Hamdallaye contre les Peulhs du Macina révoltés. Ses plus fervents disciples attendent encore son retour, à l'instar du Mâdhi (le Saint Prophète).
La tradition veut que ce soient les griots Diabaté qui aient renouvelé le chant «Taara» ; au tout début, au plus loin que remonte l'Histoire, la «Taara» fut dédiée à Lam(i)do(3) Dioulbé (Julbè), chef de Nioro ; mais après la conquête de cette cité, les griots Diabaté renouvelèrent le chant «Taara» en l'honneur d'El Hadj Omar, puis après sa mort, pour Ahmadou, et enfin pour Mâki Tall, ses fils les plus célèbres qui furent de farouches résistants à la colonisation française.
source : Niane Tamsir D. et Suret-Canale J., Histoire de l'Afrique occidentale, Présence africaine, 1965 [bibliographie]
Véritable « hommage à l'action », en fait, « les paroles Tara nient la mort, car Tara est le souvenir de ceux qui ont «bâti de pierres vives» pour être continués ».
source : Massa Makan Diabaté, Janjon et autres chants populaires du Mali, [ bibliographie]
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Notes
(1) Torobè : Littéralement « hommes pieux » , les Torobè étaient des prosélytes Toucouleurs de l'Islam établis au Fouta Toro qui avaient fondé les bases d'un royaume théocratique [retour au texte]
(2) Zaouïa : communauté religieuse et militaire islamique. [retour au texte]
(3) Lamido : chef religieux peuhl. [retour au texte] |
Interprètes célèbres de «Taara» :
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Amy Koita, Discographie |
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Baaba Maal, DiscographieMulti-instrumentiste de talent et chanteur au registre impressionnant, bien qu'il se fasse le chantre de la cause peulhe, Baaba Maal ne tire pas moins son inspiration de nombreux chants du folkore mandingue... Lire la suite. |
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Sidiki DiabatéAprès la 2ème guerre mondiale, la kora fut popularisée au Mali, et dans l'ensemble du monde, par Sidiki Diabaté et Jeli Madi Sissoko... Lire la suite., D.Sissoko, B. Kouyate : Cordes Anciennes, 1970 Buda |
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