Sory Kandia Kouyaté &Amadou Berté : récit d'une rencontre

 

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M

on père, Amadou Berté (1933-2014), a rencontré Sory Kandia Kouyaté et a travaillé avec lui pendant un peu plus d'un an. Voici le récit inédit de leur rencontre et de leur collaboration par mon père lui-même :

« C'est vers l'année 1954, à Dakar, que j'ai rencontré Sory Kandia Kouyaté pour la 1ère fois.

Sory Kandia Kouyaté chantait à l'époque dans les “Ballets Africains” de Keita Fodeba (1), la 1ère troupe de ballets professionnels jamais constituée en Afrique. Or, il se trouve qu'à Dakar, j'étais ami avec Bakari Keita, le frère de Fodeba Keita. Par lui et aussi par l'intermédiaire de Jeanne Martin Cissé, une grande cousine de Ma Keita, je fus présenté à Sory Kandia Kouyaté.

Durant la fameuse année 1958 - juste avant le référendum (2) - après la dissolution des “Ballets Africains”, Sory Kandia forma son propre ensemble de ballets et il cherchait des musiciens.

Cette année-là, moi j'étais à Kolda en Casamance en tant qu'animateur du centre culturel. J'avais un orchestre et je jouais, à l'époque, du saxophone et de la clarinette.  

Sory Kandia était alors en tournée et passa à Kolda avec son nouvel Ensemble de Ballets ; m'ayant vu jouer un soir, il me reconnut et me proposa aussitôt de m'engager dans son ensemble - il appréciait beaucoup ma musique, m'avait-il dit ! J'ai accepté et je l'ai suivi dans sa tournée.

 

De Kolda nous avons poursuivi la tournée à Tambacounda (3) . Chaque soir, Sory Kandia Kouyaté donnait une représentation de son ensemble de ballets. Après sa représentation, je jouais de la musique d'ambiance pour poursuivre la soirée et attirer le chaland ! Et cela marchait bien !

Après Tambacounda, nous sommes entrés en Guinée, plus précisément à Youkounkoun, à la frontière du Sénégal et de la Guinée.

Carte de la Guinée
 

Ensuite, nous sommes allés à Gawal, en plein pays peulh. Là, notre troupe commença à être renommée dans tout le pays. De plus, Sory Kandia parlait couramment mandingue, fulbè et soussou, ce qui facilitait les relations (4). Ensuite, nous sommes arrivés à Mãmou, en Moyenne Guinée, pour une 1ère représentation.

Puis, nous sommes allés à Dalaba.

Après Dalaba, nous sommes allés à Labé, pour une 1ère représentation.

De Labé, nous sommes retournés à Mãmou, pour 2 nouvelles représentations consécutives.

  De Mãmou nous sommes descendus à Dâbola.

De Dâbola, nous sommes allés à Kouroussa, le village natal de Camara Laye, comme tu sais.

De Kouroussa, nous sommes arrivés à Kankan.  

De Kankan, nous sommes allés à Kissidougou, la ville des descendants des Keita de la famille royale (5).

De Kouroussa, on est redescendu à Labé, pour une nouvelle représentation.

A Labé, Sory Kandia Kouyaté m'a présenté à un de ses amis, un descendant du célèbre roi des Peulhs du Fouta, le roi Alfa Yaya. Son ami de noble origine s'appelait Ousmane Diallo ; il était ingénieur agronome en poste à Bokè. Ousmane Diallo est devenu mon ami et ma route avec Sory Kandia Kouyaté s'est arrêtée là... »

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(1) Sur Keita Fodeba, voyez :  http://www.guinee.net. [retour au texte]

(2) Le 28 septembre 1958, un réferendum sur l'indépendance de la Guinée fut organisé à l'initiative de Sékou Touré. [retour au texte]

(3) Les villes citées sont marquées en rouge sur les cartes ci-dessous. Chaque ville "mappée" renvoie au texte. [retour au texte]

(4) Kolda, Dalaba, Youkounkoun et Gawal sont en pays peulh. [retour au texte]

(5) Sur l'histoire de la fondation de Kissidougou, voyez ma Chronologie 1.

 
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